Jacques RabemananjaraIle

Ile !
Ile aux syllabes de flammes !
Jamais ton nom
Ne fut plus cher à mon âme !
Ile,
Ne fut plus doux à mon cœur !
Ile aux syllabes de flamme,
Madagascar !

Quelle résonnance !
Les mots
fondent dans ma bouche :
Le miel des claires saisons
Dans le mystère de tes sylves,
Madagascar !

Je mords la chair vierge et rouge
Avec l’âpre ferveur
Du mourant aux dents de lumière
Madagascar !

Un viatique d’innocence
dans mes entrailles d’affamé,

Un viatique d’innocence
dans mes entrailles d’affamé,
Je m’allongerai sur ton sein avec la fouge
du plus ardent de tes amants,
du plus fidèle,
Madagascar !

Un viatique d’innocence
dans mes entrailles d’affamé,
Je m’allongerai sur ton sein avec la fouge
du plus ardent de tes amants,
du plus fidèle,
Madagascar !

Qu’importent le hululement des chouettes
le vol rasant et bas
des hiboux apeurés sous le faîtage
de la maison incendiée !oh, les renards,
qu’ils lèchent
leur peau puante du sang des poussins, du sang auréolé des flamants-roses !
Nous autres, les hallucinés de l’azur,
nous scrutons éperdument tout l’infini de bleu de la nue,
Madagascar !

Jacques Rabemananjara, geb. am 23.6.1913 in Maroantsetra/Tamatave, gilt als einer der großen Dichter seines Landes in französischer Sprache, dessen Werk über Afrika hinaus weltliterarische Bedeutung erlangt hat. 
Entfesselte Leidenschaft und grenzenlose Sehnsucht prägen die hymnischen Gesänge, die er in den Jahren strengster Haft nach dem blutig erstickten Aufstand seines Volkes 1947 schrieb.